À propos du livre

Genre

Roman

Parutions

Leméac (2002)
La Différence (2003)
Druide (avec une postface de Marie-Claire Blais, 2018)

Le mot de l’éditeur

Qu’est-ce qu’une vie sinon une somme d’aventures immenses et minuscules où l’intime interpelle l’universel ? Comment la mémoire de l’enfance se constitue-t-elle et imprègne- t-elle le présent ? Des berges du Saint-Laurent aux plages du Maine, voici l’histoire d’une enfance où les fragments se croisent et se recoupent, en même temps que dialoguent John F. Kennedy et Beethoven. Un récit méditatif sur le sens de l’existence et le pouvoir de l’écriture, qui nous rappelle que nous sommes des êtres de passage et de quête.

Dans sa postface, Marie-Claire Blais écrit : « C’est dans une nuit lumineuse où l’œil perçoit différemment les choses que j’ai l’impression d’avancer en lisant l’œuvre d’Hélène Dorion, d’une rigueur sans compromis, et où tout est découverte du langage, comme du regard, dans un appel à la méditation sur la beauté du monde. »

Presse

« Un récit émouvant, d’une rare intensité. Jours de sable est un enchantement. »
– Suzanne Giguère, La Presse

« Un admirable récit autobiographique, lacunaire et frémissant, incertain et fervent. »
– Monique Pétillon, Le Monde

« Toute l’œuvre poétique de Dorion est nourrie des thèmes du passage, de l’intervalle, du « hors champ », du fugace et de l’ailleurs. Les Jours de sable se démarquent de la poésie de Dorion non seulement par le genre, mais aussi en ce que dans cette œuvre, les ajustements nécessités par le recours au récit obligent à des passages, à des traversées, à des entre-deux qui ne sont plus simplement thématisés, mais effectifs, voire personnifiés. Et, à l’image de «l’équilibre impondérable» cher à Saint-Denys Garneau, la narratrice se situe dans les mouvements de traverse. Peu importe où son élan la mène, elle semble toujours garder son regard tourné vers l’inconnu — celui de l’ailleurs ou de l’ici —, vers «les eaux noires du lac, les eaux noires du ciel». »
– Jacques Audet, Spirale

« Récit inclassable qui explore les marges de l’existence, les failles où se lézardent les certitudes, l’insaisissable qui émerge et qui disparaît : ombre et lumière, parole et silence, infime décalage entre le nom et la chose, le rêve et la réalité. Le récit contient toutes les histoires possibles, pas seulement les évocations concrètes d’une histoire particulière. Promenades, rêveries sur l’incertain et le devenir de chacun, citations de livres aimés qui ont apporté leur pierre à l’édifice, anecdotes de la vie de Bach, de Spinoza ou de Socrate, la prose rassemble les morceaux, à partir de rien construit le tout d’une réelle présence au monde. L’espace et la durée dans l’instant cristallisent, se figent en précipité d’une ardente vérité. »
– Anne Thébaud, La Quinzaine littéraire

« Même langue soignée et rythmée que dans sa poésie, même créativité dans la syntaxe, même clarté dans l’expression de la pensée, même prédilection pour les images inspirées de la nature. Hélène Dorion appartient à cette catégorie d’écrivains qui sollicitent une réelle collaboration du lecteur. Jours de sable n’est pas une oeuvre qu’on peut gober sans mâcher. Mais elle n’est pas non plus lourde à digérer. Ouvrez grand les yeux : la marchande de sable sait faire joliment rêver ! »
– Mélanie Saint-Hilaire, Le Soleil

« Ce très beau texte d’Hélène Dorion, que l’on lit et relit est un puissant hommage à l’enfance, dans ce qu’elle a de grand, de merveilleux comme d’expériences douloureuses et qui nous ont façonnés, construits. Il est aussi un témoignage sur l’importance déterminante des êtres, qu’ils soient bons ou néfastes, attentifs ou indifférents, qui nous y ont accompagnés, guidés, comme des lieux que nous avons traversés. Jours de sable est aussi un magnifique hommage, dans son sens comme dans son style, aux mots, à l’écriture, au besoin vital que nous avons d’eux, tel un viatique indispensable. Et en cela, en ce siècle qui privilégie l’image et surtout l’image animée, il nous est précieux.»
– Christiane Dubreuil, Arts et Culture

« J’aime lire un livre quand le langage occupe une place primordiale, et quand la beauté intrinsèque, le rythme ou la sensation des mots eux-mêmes retiennent le lecteur. C’est un récit qui se déguste lentement, la plume d’Hélène Dorion est tellement gracieuse qu’il faut prendre soin d’elle en tant que lecteur. »
– Martine Lévesque, Les Mille et une pages de LM

articles

La Presse – octobre 2018

Spirale – novembre-décembre 2003

La Quinzaine littéraire – avril 2003

Le Monde des livres – juillet 2003

La Presse – septembre 2002

Le Soleil – décembre 2002

extraits

Longtemps j’ai cru que je n’avais pas d’histoire. Pas d’enfance. À peine quelques souvenirs, épars et pour la plupart banals. Cela me dispensait peut-être de retourner dans ma chambre d’enfant.

Si elle ne croise pas la Grande, notre histoire n’est jamais pour nous que dérisoire. Puis un jour, sans que ce jour soit un hasard, on entre dans l’une des centaines de petites histoires simples de notre vie, et l’on se souvient tout à coup de l’autre centaine d’histoires oubliées, perdues au fond de nous et qui en dessinent une plus grande, plus complexe aussi. On déchiffre alors lentement les signes qui se trouvaient sur notre chemin et peu à peu on commence à voir, à mesure que nous est restituée notre histoire, combien chaque fragment porte en lui le noyau d’un autre, et que les événements imaginés ne peuvent jamais être que réellement vécus.

L’enfance, c’est parfois trop de douleur, trop de solitude, ou c’est parfois trop de bonheur. On a un père, une mère, un frère ou une sœur, et cela suffit à créer des milliers de nœuds. Alors les fils se brisent qui nous rattachaient à notre enfance, on va dans la vie avec ce bagage augural, on cherche à en recréer la figure, ou au contraire on fait tout pour ne jamais la reproduire. Puis un jour arrive, et l’on sait ce jour nécessaire, on ouvre à nouveau les yeux et les mains, et les souvenirs y abondent, simples et complexes tout à la fois, chacun faisant couler le sang de notre existence sur Terre. On démêle les nœuds de l’enfance, on retrouve son père, sa mère, le frère, la sœur qui nous y liait ou nous en séparait, et lentement l’horizon s’éclaircit.

Porte-t-on les failles d’autres vies, de ces générations qui nous ont précédés ? L’ombre du secret d’Edith recouvre-t-elle jusqu’à mes pas, jusqu’aux traces brouillées du nom de sa terre d’origine ? Je ne sais pas grand-chose d’Edith, de Pauline ou même de Paule. Ces vies me demeurent étrangères, plus encore, celle, toute proche, de ma mère.