À propos du livre
Genre
Poésie
Parution
20 février 2025
En Europe
11 mars 2025
Au Québec
Éditeur
Gallimard
Présentation de l’éditeur
Ce volume donnera à mieux connaître l’oeuvre vaste d’Hélène Dorion, poète québécoise de haute réputation, en réunissant quatre de ses recueils précédant Mes forêts, tous parus entre 1990 et 2000 : Un visage appuyé contre le monde ; Sans bord, sans bout du monde ; Les murs de la grotte et Fenêtres du temps. Sensible à la puissante prégnance du monde naturel, l’œuvre d’Hélène Dorion explore plus constamment encore, entre inquiétude et ferveur, le lien entre l’intimité et l’universel, faisant leur part aux sentiments amoureux, aux doutes et aux joies existentiels, comme aussi à la traversée des lieux, villes et paysages.
Préface (Extrait)
Des traversées de l’intime aux cosmogonies du vivant
Je reçois ton tremblement Comme un don.
ANNE HÉBERT,
Le tombeau des rois.
Poète attentive aux mouvements de la vie intérieure ainsi qu’aux vastitudes du monde à explorer, Hélène Dorion inscrit sa démarche d’écriture dans un souci constant envers les choses frêles – les éléments naturels ou végétaux, le quotidien balayé par le passage du temps, le corps en ses creux et délicatesses – et les mondes fragiles 1 où s’entrecroisent les difficultés des relations affectives, les représentations trompeuses ainsi que les vertiges désenchantés de l’Histoire. Sans faire l’économie des failles et des manques qui constituent l’expérience humaine, son œuvre témoigne cependant, sans jamais rencontrer une forme de complet apaisement, d’une certaine confiance en le pouvoir d’interrogation que porte le poème. Hélène Dorion élabore, dans l’ensemble de son œuvre, une riche pensée du poème, qui mène plus récemment à une éthique, alors que le poétique explore de nouvelles cosmogonies du vivre. Depuis ses premiers écrits poétiques, elle sonde les reliefs de la disparition et du manque, mais également les possibles ouvertures d’espace et chemins de traverse que déploie le poème. Tel l’orfèvre, telle la dentellière, elle perfectionne un méticuleux travail de composition : à la fois peintre, compositrice, philosophe, il lui importe d’orchestrer savamment des jeux de textures et de reliefs, d’ombrages et de lueurs, traversées de temps et d’espace qui nous mènent à « la beauté ! qui borde l’émotion ! et chaque fois joue ses possibles ». On qualifiera aisément Hélène Dorion de poète des paysages, or on pourrait ajouter sans grande hésitation qu’elle pose sur la poésie un regard d’architecte, puisque son œuvre s’est érigée, au fil des publications, dans une cohérence indéniable, dessinant des figures signifiantes qui en éclairent tout le parcours. Respiration mélodique, leitmotiv sémantique, cette poésie convoque avec constance la répétition de mots-motifs omniprésents, voire obsédants – faille, absence, corps, amour, chemin –, mettant en acte un lyrisme en mode mineur. Au-delà de leur apparente sobriété, ces mots-motifs semblent révéler pour Hélène Dorion un fond insondable, une sémantique inépuisable, qui ne cesse de se renouveler, témoignant d’une persistance à en creuser les rebords, à en redessiner les contours pour les réinscrire dans le poème à la faveur d’éclairages inédits, d’ombres secrètes. L’exploration itérative des manques, par de subtiles et infinies variations, permet plus encore d’explorer de nouvelles voies vers l’autre, et produit une poésie centrée sur le désir du lien, entre soi et les autres, entre le proche et le lointain. […]